Sainte-Marthe-sur-le-Lac : non criminellement responsable d’avoir tué sa mère

Photo Maxime Labelle

Un quadragénaire, qui était soupçonné d’avoir tué sa mère qui était aidante naturelle, en décembre 2020, à Sainte-Marthe-sur-le-Lac, a été déclaré non criminellement responsable pour trouble mentaux.

C’est la décision qu’a rendue mardi après-midi (15 février) le juge Marc-André Blanchard, de la Cour supérieure, au palais de justice de Saint-Jérôme, dans le dossier de Stéphane Léveillée, 48 ans.

Celui-ci était accusé du meurtre non prémédité de Nicole Lauzon, 64 ans, survenu le 26 décembre 2020, et de voie de fait causant des lésions corporelles sur son oncle, Michel Lauzon. Selon le résumé des faits lu en Cour, la veille du drame, l’accusé, la victime et le conjoint de celle-ci, Stéphane Léonard, ont soupé ensemble à l’occasion de Noël dans la résidence familiale de la rue de la Plaine.

Selon ce dernier, Stéphane Léveillée avait consommé de la cocaïne et tenait des propos incohérents, notamment en demandant s’ils trouvaient que quelque chose de bizarre se passait ou s’ils lui cachaient quelque chose.

En raison de l’état anormal l’accusé M. Léonard a décidé de quitter le domicile vers 19 h 45 pour se rendre chez sa fille, Nicole Lauzon est demeurée sur place. En fin de soirée, vers 23h45, elle communique avec son conjoint indiquant que la crise de l’accusé est terminée, qu’il n’est plus sous l’effet de  la drogue et qu’il s’excuse.

Le lendemain matin, vers 9 h, le frère de Mme Lauzon et oncle de l’accusé, Michel, atteint de paralysie cérébrale, tente à plusieurs reprises de la rejoindre par téléphone mais c’est l’accusé qui lui répond qu’elle dort.

Quelques minutes plus tard, Stéphane Léveillée se présente chez le frère de la victime, résidant tout près où le meurtre a eu lieu, avec une lacération au cou et l’agrippe en lui disant qu’il va le guérir. Ce dernier lui demande où est Nicole Lauzon, l’accusé le traîne en bas des escaliers du salon, près du portique. L’accusé pousse son oncle en bas des escaliers à l’extérieur et ce dernier se fracasse le genou sur la bande de trottoir. L’oncle a subi une fracture comminutive impliquant le plateau tibial et devra être opéré.

Un voisin témoin de la scène a aussitôt communiqué avec le 911. Stéphane Léveillée a été arrêté vers 9 h 15, par un patrouilleur de la Régie de police du Lac des Deux-Montagnes, alors qu’il revenait à son domicile à pied. Le policier a constaté que l’accusé s’était infligé des blessures au thorax et au cou et semblait intoxiqué.

Un collègue du policier entre alors dans la résidence de la rue de La Plaine et constate la mort évidente de Nicole Lauzon. Le rapport de la pathologiste, la Dre Caroline Tanguay, qui a pratiqué l’autopsie de la victime, révèle 47 plaies. Le décès étant attribuable à un polytraumatisme par arme piquante et tranchante.

En raison de ses blessures, l’accusé a été transporté dans un centre hospitalier. Durant son transport, l’accusé va dire « Tiens ma grosse chienne » et « I’m a robocop, I’m fucking terminator ». Un cahier de notes de l’accusé retrouvé au sous-sol où le drame s’est joué, fait référence, de manière décousue, à l’âme, à l’esprit, à son esprit intergalatic (sic) ainsi qu’à ses options quantiques.

L’enquête policière a révélé que Stéphane Léveillée a causé des plaies à sa mère, avec un couteau, le 26 décembre 2020, avant de se rendre chez son oncle.

L’ex-conjointe de l’accusé a aussi déclaré aux enquêteurs que l’accusé lui textait en parlant d’un autre monde. Selon elle, il était en vrai délire et qu’il voulait changer le monde. Il a aussi mentionné à son ex qu’il entendait des voix. De son côté, Stéphane Léonard mentionne, dans sa déclaration aux policiers, que depuis un an, l’accusé raconte qu’ils font partie d’un monde virtuel, que la mort n’est pas virale et qu’ils étaient des ovnis d’une autre planète. Ces convictions étaient toujours présentes et ne semblaient pas reliées à la consommation de drogue de l’accusé.

Une psychiatre, mandatée par l’avocat de l’accusé, Me Nicolas Lemelin, de l’Aide juridique, afin de réaliser une évaluation psychiatrique concernant la responsabilité criminelle, conclut que Stéphane Léveillée souffre de schizophrénie paranoïde, de trouble lié à l’usage de la cocaïne et de possibles traits de personnalité du type B.

Selon la psychiatre, l’accusé était affecté d’une schizophrénie qui l’empêchait de savoir que les gestes posés étaient mauvais. La Couronne, représentée par Me Steve Baribeau, n’a présenté aucune contre-expertise dans le cadre d’une contre-preuve.

« Il m’a enlevé la seule personne restante de ma famille qu’il me restait, elle m’aidait beaucoup parce que je suis handicapé. Aujourd’hui, je dois me déplacer en marchette et je souffre le martyre. Je ne veux plus voir mon neveu, je ne peux lui pardonner le meurtre de ma soeur  », a mentionné Michel Lauzon, dans une lettre lue en cour.

Pour ce qui est de Stéphane Léonard, le crime commis envers sa conjointe a eu des répercussions d’ordre émotif et économique. « J’ai été en couple avec Nicole depuis 2003. J’ai perdu la seule femme stable de ma vie, on se comprenait, on se complétait, elle était douce et me faisait du bien », a souligné l’homme éploré dans une autre lettre déposée au tribunal.

« Je ne peux pas vous demander de me pardonner ce que je ne peux me pardonner. Je vis avec ce poids et cette douleur énorme. Cette douleur me paralyse mes émotions. Je m’excuse de tout mon âme à la famille», a souligné Stéphane Léveillé, dans le box des accusés, en éclatant en sanglots.

À la suite du verdict de non responsabilité criminelle, Stéphane Léveillée sera détenu à l’Institut Philippe-Pinel. La Commission des Troubles mentaux a 45 jours, après le verdict, pour tenir une première audience concernant la dangerosité de l’accusé et une éventuelle remise en liberté avec des conditions à respecter.

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