Saint-Eustache : non criminellement responsable d’avoir tué son père

Un quadragénaire de Saint-Eustache, qui était accusé du meurtre de son père, a été déclaré non criminellement responsable pour troubles mentaux.

C’est la décision qu’a rendue le juge François Dadour, de la Cour supérieure, lors d’une audience qui s’est tenue au palais de justice de Saint-Jérôme, jeudi matin (17 mars), dans le dossier d’Yves Foucher, 45 ans.

Ce dernier faisait face à une accusation de meurtre non prémédité de son père Gérald. Le drame s’est joué dans la nuit du 12 septembre 2021 dans un logement de la rue Moreau à Saint-Eustache.

Vers 4 h du matin, les policiers de Saint-Eustache ont reçu un appel pour un conflit. La chicane a éclaté entre l’accusé et son frère. M. Foucher est allé réveiller son père afin que ce dernier puisse régler le conflit. Aussitôt debout, la victime a été frappée à coup de poing et l’accusé l’a projeté au sol. Le meurtrier est alors allé chercher un couteau de cuisine et lui a asséné 14 coups de couteau dont certains fût mortels. Certaines des blessures sont des plaies de défense.

 Le fils de la victime (et frère de l’accusé) s’est alors enfermé dans sa chambre et a signalé le 911. Quand il est sorti de sa chambre, à l’arrivée des policiers, il a vu son père ensanglanté couché au sol avec des traces de violence évidente.

Délire religieux

Un rapport de la psychiatre, la Dr Stéphanie Borduas-Pagé, de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal, fait état que l’accusé souffrait de délire religieux au moment du crime. Selon la version d’Yves Foucher, il a entendu son frère lui parler et l’insulter en pleine nuit. M. Foucher a alors réveillé son père, les trois hommes se sont retrouvés au salon et l’accusé s’est senti persécuté par les attaques de son frère et de son père. Il aurait alors eu des hallucinations visuelles en plus du délire religieux.

Selon Yves Foucher, comme son père continuait à l’attaquer, il a été à la cuisine cherché un couteau pour en frapper son père. Il a ensuite vu que la victime était décédée, Il s’est alors senti délivré et était assis calmement lorsque les premiers répondants sont arrivés.

À la lumière de son expertise, la Dr Borduas-Pagé a diagnostiqué une schizophrénie chez l’accusé avec des symptômes psychotiques (hallucinations, trouble délirant religieux et de persécution). La psychiatre conclut à un trouble mental sévère qui rendait Yves Foucher incapable de savoir, au moment du meurtre, que ses gestes étaient mauvais.  

D’ailleurs, les événements du 12 septembre 2021 n’étaient pas les seuls qui mettaient en cause la santé mentale de l’accusé. Un épisode de psychose toxique serait survenu en 2006. À la fin de 2017, Yves Foucher a aussi été hospitalisé à la suite d’un conflit avec sa sœur. Il aurait tenté de prendre un couteau et ses gestes étaient accompagnés du même type de délire religieux. Il consommait également du cannabis et avait alors séjourné aux soins intensifs en psychiatrie.

De plus, dans les jours qui ont précédé le meurtre, Yves Foucher avait publié des dizaines de publications confuses sur son compte Facebook. Une de ces publications faisait notamment mention de la victime et de d’autres personnes avec une allusion à la crucifixion.

La Couronne a également lu au tribunal deux lettres de la fille et du fils de la victime (frère et sœur de l’accusé) faisant mention de leur tristesse et des graves conséquences personnelles et professionnelles à la suite de ce drame.

À la suite du verdict de non responsabilité criminelle, Yves Foucher sera détenu à l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal (Institut Philippe-Pinel). La Commission des Troubles mentaux (CETM) a 45 jours, après le verdict, pour tenir une première audience concernant la dangerosité de l’accusé et une éventuelle remise en liberté avec des conditions à respecter.

Si la CETM conclut que l’accusé doit demeurer détenu, une nouvelle audience sera tenue après un an pour réévaluer la situation.

Me Jennifer Lepage agissait pour le DPCP dans ce dossier alors que Me Simon Brisson-Dolci, de l’aide juridique, défendait l’accusé.

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