La Fédération de l’UPA Outaouais Laurentides joint sa voix au syndicat de l’UPA des Basses-Laurentides pour exprimer ses vives préoccupations quant à la volonté du gouvernement du Québec de forcer la vente d’un terrain municipal en zone humide au groupe Stablex, spécialisé dans l’enfouissement de matières dangereuses. Bien que nous reconnaissions la nécessité d’un traitement adéquat des matières dangereuses au Québec, nous jugeons inacceptable que l’implantation d’une nouvelle cellule d’enfouissement se fasse au détriment d’un écosystème d’une importance capitale, mettant potentiellement en péril les terres agricoles de Blainville.
Le projet actuel représente une contradiction flagrante avec les orientations environnementales du gouvernement et les engagements de la région en matière de protection des milieux naturels et agricoles. La zone humide convoitée est l’une des plus vastes au nord de Montréal et revêt un intérêt écologique majeur, tel que confirmé par le recensement des espèces. Rappelons que la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) s’est déjà prononcée contre ce projet.
Stéphane Alary, président de l’UPA Outaouais-Laurentides, souligne que la fédération régionale suit ce dossier de près depuis plusieurs années et s’inquiète des conséquences potentielles de ce projet : « Ce projet constitue un précédent inquiétant pour la gestion du territoire et la protection de l’eau. Il est essentiel que le gouvernement revoie cette décision afin d’assurer un développement respectueux de notre environnement et de nos communautés rurales. »
Nous rappelons que l’usine Stablex disposait déjà d’un terrain préautorisé pour l’aménagement de la cellule 6, prévue depuis l’ouverture du site en 1980. Cette option permettrait de poursuivre les activités sans compromettre une tourbière d’envergure. Or, contrairement aux affirmations du ministère, une étude municipale révèle que ce terrain déjà utilisé par Stablex abrite des espèces envahissantes et n’est pas, comme prétendu, moins dégradé que le site convoité.
Le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) n’a d’ailleurs pas recommandé la création d’une nouvelle cellule en zone humide, mais bien la poursuite des opérations sur le site existant. Ce projet va donc à l’encontre des avis scientifiques et de l’intérêt collectif.
« L’implantation d’une nouvelle cellule en zone humide pose un risque pour nos terres agricoles. Toute contamination de l’eau ou des sols pourrait avoir des répercussions désastreuses sur l’agriculture locale et la sécurité alimentaire de la région. Nous demandons au ministre de l’Environnement et au premier ministre d’avoir le courage politique de prioriser la protection de nos terres et de nos producteurs agricoles », a déclaré Audrey Lemaire, Présidente de l’UPA Basses-Laurentides.
Martin Caron, président général de l’Union des producteurs agricoles, tenait à rappeler le contexte commercial actuel dans lequel se déroule cet enjeu : « Aller de l’avant avec ce projet est une entorse grave à toutes formes d’acceptabilité sociale, tant au chapitre environnemental qu’au regard des dangers menaçant les terres agricoles du secteur. En pleines tensions commerciales avec les États-Unis, il serait d’autant plus inacceptable de prioriser ainsi des intérêts strictement commerciaux en contournant la volonté des experts, de la société civile et des élus locaux, et ce, au détriment de la pérennité de nos écosystèmes et de notre garde-manger ».
Nous saluons la volonté de la Ville de Blainville de mettre en place des mesures d’atténuation en matière de cohabitation et de voisinage et nous joignons à eux en nous opposant fermement à tout projet qui sacrifierait un patrimoine écologique et agricole irremplaçable.