Forte du succès majeur de son Journal d’un loup-garou, dont le disque et le spectacle ont été qualifiés de triomphe à plusieurs reprises, Lou-Adriane Cassidy, gonflée d’inspiration, nous revient déjà, après à peine trois mois, avec un nouvel album intitulé Triste Animal.
C’est durant la fin du processus d’enregistrement et de mixage de Journal d’un loup-garou que Lou-Adriane s’est sentie emportée par une vague qui la dépassait: « Après le travail extrêmement minutieux qui m’avait occupée durant les deux dernières années, j’ai ressenti un grand besoin de liberté, un besoin de spontanéité que je ne pouvais pas réprimer. » nous dit-elle. Cet élan créatif irrépressible nous arrive en 8 chansons enregistrées en direct par 8 musiciens, sur ruban magnétique, en quatre jours, sans les ajouts subséquents ou les corrections qui font désormais partie de la quasi-totalité des enregistrements contemporains. Tout ce que vous y entendez a été joué et chanté en temps réel (exception faite du solo de guitare sur «Adieu», il manquait un humain hihi), et la qualité de l’enregistrement nous permet d’entendre comme nous ne l’avons jamais entendu un des groupes de musiciens les plus en vue des dernières années (Alexandre Martel, Thierry Larose, Vincent Gagnon, PE Beaudoin). La particularité de cet album repose toutefois sur les ambitieux arrangements vocaux, écrits par Lou-Adriane, dont l’exécution relève d’une démonstration de virtuosité de sa part et de ses choristes étoiles: Odile Marmet-Rochefort, Ariane Roy et Lysandre Ménard.
Dans des arrangements dépouillés, contrastant avec le maximalisme de l’album précédent, Triste Animal nous donne un accès inédit à Lou-Adriane et à sa voix, qui ici, peut prendre toute la place qui lui revient. Qu’elle se fasse d’une douceur à fendre l’âme sur «Tout le monde dans autour» (une des deux chanson écrites pour elle par Stéphane Lafleur), d’une sensualité affriolante sur «Jamais tout à fait», d’une profondeur d’interprétation hors du commun sur «Adieu» ou encore d’une colère déchirante sur «Valse frustrée», Lou-Adriane nous démontre encore une fois, et peut-être de la façon la plus évidente à ce jour, qu’elle est une interprète comme peu s’en rencontre dans une vie. Alliant folk, west-coast country orchestral, pop chic londonienne, soul, samba, grunge acoustique et jazz, Triste Animal est l’album le plus éclectique que l’artiste nous offre jusqu’à maintenant. « Je sais que ce ne sera jamais assez. Mes pieds ne fouleront jamais les rues de l’éternité. C’est vrai. » chante-t-elle sur la tendre «Les hirondelles». Qui sait si elle a raison ou tort, mais faire paraître un album d’une telle maîtrise et d’un tel travail d’orfèvre, dans un registre si éloigné d’un disque paru il y a quelques semaines et que d’aucuns considèrent déjà comme un classique contemporain, relève d’une démonstration de force rarement vue dans la chanson québécoise.
