Saint-Jérôme adopte une première politique environnementale et un plan d’action puis, cède, quelques minutes plus tard, une forêt d’arbres centenaires à un promoteur! « C’est historique ce qui s’est passé! » de dire le chef du parti Mouvement Jérômien, Rémi Barbeau.
La proposition du conseiller municipal Martin Pigeon, soutenue par le noyau solide du parti au pouvoir, Avenir Saint-Jérôme, met de l’avant une grande incohérence qui passera à l’histoire. En effet, « Comment peut-on, d’un côté, adopter une politique environnementale qui se fixe comme premier objectif de conserver et connecter les milieux naturels d’intérêt et, de l’autre côté, offrir un terrain d’une valeur écologique inestimable à un propriétaire privé et en plus, sans obtenir la ferme assurance qu’il ne sera pas détruit? » se questionne Jacques Bouchard, conseiller municipal du Mouvement Jérômien.
A cet égard, les propos du conseiller Martin Pigeon étaient décontenaçants. En effet, celui-ci a parlé du caractère exceptionnel de cette forêt en la réduisant à celle d’un parc bruyant avec de la poudre de ciment pour justifier cette transaction alors qu’une étude confidentielle soumise au préalable aux élus allait exactement dans le sens contraire. « Il faut être déconnecté de la réalité en 2023 pour ne pas voir le caractère écologique de chaque parcelle de terrain qu’il nous reste! Ça prend des générations pour voir des forêts centenaires poussées et pourtant, on ne cesse d’en voir plusieurs disparaître », d’ajouter Rémi Barbeau.
Des visions divergentes au conseil municipal
Par une proposition de dernière minute, non seulement, Martin Pigeon a tenté de décrédibiliser la nouvelle politique environnementale de Saint-Jérôme – pourtant proposée par les membres de son propre parti siégeant à la Commission de l’environnement – mais il a tenté de détourner le débat vers le garage municipal alors que personne n’a remis ce projet en question.
Ce sont deux grandes visions de la démocratie et du vivre ensemble qui se sont confrontées au Conseil municipal de Saint-Jérôme. « Nous sommes encore témoins des mêmes façons de faire autour de la traditionnelle vision qui prône d’abord l’économie sans considérer les retombées sur les générations futures. Ceci nous apparaît comme une fausse interprétation du concept de développement durable. La population a assisté à une démonstration de manque de leadership qui s’est traduite par une occasion manquée de protéger un milieu naturel unique de plus de 100 ans. » indique Monsieur Barbeau.
Le Mouvement Jérômien préfère se référer à la science et aux meilleures pratiques environnementales. Ainsi, le parti a soutenu des propositions visant à explorer d’autres solutions pour préserver ce qui leur semble être un joyau écologique. Les nombreuses questions posées au conseil municipal et les dernières consultations publiques ont bien démontré l’attachement de la population aux espaces verts et il est inconcevable que pendant le débat, l’acceptabilité sociale ait été complètement mise de côté.
Les propos de Jacques Bouchard pendant le conseil résument bien le fond de la question : « Inversons la situation: si la Ville avait eu l’opportunité d’acquérir ce même boisé centenaire pour le protéger et le préserver, cela aurait été fait à coup de grandes annonces pour vanter sa proactivité. Le contraire est tout simplement stupéfiant »! Comme le disait une citoyenne lors de ce conseil: « Il y a moins de verdure maintenant que lorsque vous êtes arrivés au pouvoir, monsieur le Maire».
Autre préoccupation du chef du parti: Qu’adviendra-t-il des arbres de cette pinède si le promoteur décide de les raser? Le maire a refusé de répondre clairement à cette question posée à trois reprises, même une fois après que la décision ait été prise. Il y a un manque de transparence flagrant sur ce dossier d’échange de terrains.
Penser aux générations futures est une priorité
Face à cette situation, le Mouvement Jérômien aurait préféré que cette forêt centenaire demeure la propriété de Saint-Jérôme et fasse l’objet de mesures de protection pour les générations futures. En ce sens, les élus du parti ont appuyé la proposition d’amendement, du conseiller Mario Fauteux, pour réaliser des travaux de médiation territoriale.
Monsieur Barbeau explique : « Pendant les consultations publiques sur la nouvelle politique environnementale, nous avons recommandé d’instaurer un comité consultatif en environnement qui aurait comme mandat d’évaluer les retombées environnementales et soutenir les décisions du conseil municipal, et ce, dans l’intérêt de la population et des générations futures ».
Le Mouvement Jérômien souligne qu’il y avait plusieurs autres avenues pour financer l’achat d’un terrain pour le futur garage municipal au lieu de mettre en péril un boisé d’arbres centenaires. Il aurait été possible de repousser un autre projet moins prioritaire au plan triennal d’immobilisation afin de libérer les 5,5 M $ requis pour l’achat du terrain. « La population s’est exprimée nettement en faveur de la mise en valeur et la protection de nos milieux naturels et notre parti désire que les consultations citoyennes soient mises au centre des décisions et non pas ignorées comme c’est le cas actuellement » conclut le conseiller Bouchard.