La Ville de Saint-Jérôme, qui a soumis une proposition répondant aux besoins d’expansion de Lion Électrique pour son projet d’usine de fabrication de modules et d’ensembles de batteries dénonce la concurrence déloyale de la part d’Aéroports de Montréal (ADM), une société agissant à titre d’administration aéroportuaire locale pour le gouvernement du Canada. Celle-ci chercherait à convaincre Lion d’aller s’installer sur ses terrains, au milieu du pôle de l’aérospatial.
« Si Lion devait implanter son usine sur les terrains d’ADM, ce serait la quatrième fois que Saint-Jérôme se retrouverait confrontée à la concurrence déloyale exercée par cette société, ce qui aurait, encore une fois, des conséquences majeures pour notre territoire. Les terrains que gère cette société sont de compétence fédérale, pour lesquels les règles du jeu sont différentes, ce qui engendre une concurrence déloyale. Ces terrains devaient servir à l’exploitation d’un aéroport. Aujourd’hui, ils sont détournés de leur usage principal et ils entrent en compétition avec des terrains industriels municipaux. Cette flagrante iniquité devrait être corrigée par les instances gouvernementales. De plus, lorsque messieurs Legault et Trudeau ont annoncé, en présence du député provincial de Saint-Jérôme, Youri Chassin, leur participation financière au projet de Lion Électrique, tout laissait présager que l’usine serait construite à Saint-Jérôme. Il s’agit d’un enjeu qui dépasse les limites de Saint-Jérôme, et il est grand temps que les gouvernements fédéral et provinciaux décident d’agir pour ne pas mettre en péril la croissance économique des villes et des régions », a réagi Janice Bélair-Rolland, mairesse de Saint-Jérôme.
« La Ville a soumis à Lion une proposition qui répond à ses besoins, et même, qui les surpasse. L’entreprise pourrait ainsi se développer pleinement aux côtés d’autres sociétés novatrices spécialisées dans le domaine de l’innovation et des véhicules électriques, dans un milieu de vie urbain, dynamique et accessible, et ce, tant pour la main-d’œuvre que pour les clients ou fournisseurs. Nous serions franchement déçus que Lion choisisse d’aller poursuivre son développement ailleurs qu’au sein de la communauté d’affaires qui l’a vue naître », a ajouté la mairesse.
Saint-Jérôme, cité d’innovation
Saint-Jérôme, capitale régionale des Laurentides, est active dans le domaine des nouvelles technologies et de l’électrification des transports depuis 1996, alors que le Centre d’expérimentation des véhicules électriques du Québec (CEVEQ) s’implantait sur son territoire et y menait plusieurs projets pilotes, ce lui a valu le titre de « ville laboratoire pour l’essai de véhicules électriques ». Saint-Jérôme a d’ailleurs été consacrée « ville pilote du véhicule électrique au Canada » en 2000. Plus récemment, la Ville a favorisé l’émergence de l’Institut du véhicule innovant (IVI), un des piliers de l’infrastructure de recherche et d’innovation en électrification des transports au Québec. Elle collabore également avec d’autres centres de recherche et de formation, dont le Centre de développement des composites du Québec (CDCQ) et le Centre de formation du transport routier (CFTR) ainsi qu’avec des partenaires institutionnels et industriels au développement de la filière innovation transport dans les Laurentides.
Les centres de recherche et de formation et les industries ayant pignon sur rue à Saint-Jérôme lui apportent la matière grise nécessaire à son développement. Quant à ses accès routiers et à sa proximité de Montréal, ils confèrent au territoire une position exceptionnelle dans le paysage des villes nord-américaine.
Rappel des faits
En novembre 2020, Lion Électrique a annoncé son intention de construire une nouvelle usine de fabrication de modules et d’ensembles de batteries pour véhicules électriques. La Ville de Saint-Jérôme et l’entreprise ont alors signé un accord de principe en vue de l’implantation de la future usine à Saint-Jérôme conditionnellement, entre autres, à l’obtention d’une aide financière de la part des gouvernements fédéral et provincial. Le 15 mars dernier, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, et le premier ministre du Québec, François Legault, ont annoncé un investissement de près de 100 millions de dollars, à parts égales, dans le projet évalué à près de 185 millions de dollars au total.