Lettre ouverte
Rhéal Fortin, député de Rivière-du-Nord
Les affronts du gouvernement fédéral contre la nation québécoise ne se comptent plus. Nous les connaissons et ensemble, nous les combattons ou nous les tolérons, selon notre conception de ce qui convient le mieux au bonheur des nôtres. Et il en va de même dans Rivière-du-Nord, on se bat ou on tolère, ça dépend de chacun. Mais là, je sens ce qui ressemble assez à une bonne forme d’unanimité. On en a assez de subir cette balafre fédérale à l’entrée de notre centre-ville.
Avouons-le, le développement des dernières décennies a favorisé les magasins de grandes surfaces qui se sont installés en périphérie des centres-villes, laissant ceux-ci plus ou moins abandonnés. On a laissé faire et on en a même profité, mais bien souvent au détriment de nos commerces de proximité. Pourtant, on les aime nos centres-villes. Ils nous ressemblent et nous rassemblent depuis des générations. Ils sont aménagés et décorés à l’image de ce qui nous fait rêver. Quand on est amoureux, on va s’y balader le cœur léger et rempli du bonheur qu’on va se construire tout autour. Quand on est troublé, on y va pour pleurer, rager, voire quelquefois crier, mais ensuite se consoler, retrouver un peu de calme et de sérénité.
La pandémie nous a gardés confinés chacun chez-soi. Et nos chez-soi se sont redéfinis au gré des décrets et ils se sont heureusement souvent élargis pour nous permettre de revenir vers le cœur de nos villes et villages. On ne peut voyager, changer de région ou visiter la famille dans le temps des fêtes, mais on peut venir flâner Place de la Gare et manger une bonne salade de chèvre ou de saumon fumé du Café Vert-Vert. On peut s’attabler sur la terrasse du Vieux Shack ou celle du Soleo, arrêter pour un café et un croissant chez notre ami Lionel encore dans le pétrin. On peut lécher nos vitrines de la rue Saint-Georges, ou celles de Labelle, de la rue de la Gare, ou sur De Martigny. Prendre un verre de rousse au Café d’en face, un espresso au Café Fougère ou manger un club Chez Johnny. Et quoi encore… on l’aime notre centre-ville.
Mais manifestement, le gouvernement fédéral n’éprouve pas la même affection à son égard. Nos parents disaient loin des yeux loin du cœur, la colline parlementaire ontarienne est définitivement bien loin du parc Labelle…
Depuis plus d’un siècle, quand on arrive à Saint-Jérôme en venant du sud, on ouvre les yeux sur un immeuble au style architectural particulier, installé sur une pointe de terrain, comme une flèche qui nous salue en nous montrant du doigt, impolie mais tellement accueillante… Il y avait là le magasin Gibeault il y a plus de cent ans et ensuite L.C. Taillon au milieu du siècle dernier. Les bannières ont changé, mais le « spot » est toujours là. Sauf que depuis que c’est le gouvernement fédéral qui l’occupe, c’est un tout autre décor. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il serait assez difficile de s’en enorgueillir aujourd’hui!
J’estime qu’il est grand temps que nous reprenions possession de ce blason Jérômien. J’imagine que comme on dit, on s’entend là-dessus?