Le Syndicat de l’UPA Deux-Montagnes, appuyé par la Fédération de l’UPA Outaouais-Laurentides et la Confédération de l’UPA, lance un appel clair : il est minuit moins une pour mieux encadrer les dérives en matière d’agrotourisme. Des projets qui n’ont plus rien à voir avec l’agriculture prennent racine en zone agricole, menaçant directement la vocation nourricière de nos terres.
« Ce qu’on dénonce aujourd’hui, ce n’est pas un spectacle ou un promoteur. C’est un glissement. Une brèche qui s’ouvre. Et on le voit, les projets du genre se multiplient : des salles de spectacle, des activités de divertissement ou du camping, sans mise en valeur réelle du produit agricole. Ce n’est plus de l’agrotourisme, c’est un détournement de la mission des terres agricoles », affirme Philippe Leroux, président du Syndicat UPA Deux-Montagnes.
L’agrotourisme véritable se veut une activité complémentaire à l’agriculture, et non un modèle d’affaires parallèle. Il doit soutenir et faire rayonner la ferme, pas la reléguer au second plan. Quand l’activité principale devient autre chose que la production agricole, il ne s’agit plus d’agrotourisme, mais de récréotourisme — et cela n’a pas sa place en zone agricole.
Dans un contexte où seulement 2 % du territoire québécois est cultivable, il est crucial de préserver chaque acre encore productive. « Une terre qui ne produit pas, c’est une terre qui ne nourrit plus. Et les projets de courte durée qu’on autorise aujourd’hui peuvent avoir des impacts irréversibles à long terme : sol compacté, perte de fertilité, fragmentation du territoire. On hypothèque notre avenir pour des projets temporaires », souligne Stéphane Alary, président de la Fédération UPA Outaouais- Laurentides.
La Confédération de l’UPA rappelle que des règles claires existent et qu’elles doivent être respectées. « L’agriculture ne doit pas devenir un simple décor pour d’autres modèles d’affaires. Il faut que les décisions de la Commission de protection du territoire agricole du Québec soient appliquées de manière rigoureuse. Et si ce n’est pas le cas, la Commission doit faire respecter son autorité. Il s’agit d’une question d’équité et de cohérence sociale, mais surtout d’assurer en priorité notre sécurité alimentaire. », déclare Martin Caron, président général de l’UPA en rappelant que 75% des demandes sont autorisées par la CPTAQ.
Le monde agricole lance un appel à un contrat social : les producteurs s’engagent à nourrir le Québec, mais la société, en retour, doit s’engager à protéger les terres qui rendent cela possible. Parce que ce qu’on protège aujourd’hui, ce n’est pas seulement une terre : c’est notre avenir alimentaire.