Un quadragénaire soupçonné d’avoir causé la mort d’un ingénieur d’Airbus, en décembre 2019 à Rosemère, a décidé de régler ses comptes avec la justice, en après-midi, le 30 mars, au palais de justice de Saint-Jérôme.
Initialement accusé de meurtre prémédité, Jose Luis Chavez Chino, 43 ans, de Blainville, a plaidé coupable à un chef réduit de meurtre au second degré sur Arturo Morales de Paz.
Le juge Daniel Royer, de la Cour supérieure, a entériné la suggestion commune faite par la Couronne, représentée par Me Steve D. Fontaine, et la Défense, représentée par Me James Dawson, en condamnant l’accusé à la prison à vie sans possibilité de libération avant au moins 10 ans. Cette peine débute à partir de l’arrestation du meurtrier en janvier 2020.
Selon le résumé des faits présenté devant le tribunal, vers 20h42, le 18 décembre 2019, les services d’urgence ont été appelés à se rendre dans le stationnement du Maxi situé sur le Boulevard Labelle après que des témoins aient observé un homme inanimé dans un véhicule de marque Mazda 2.
M. Morales de Paz a alors été retrouvé sans vie dans le véhicule. Selon le rapport du pathologiste, qui a pratiqué l’autopsie, la victime a reçu une vingtaine de coups de couteau dont dix au niveau du thorax qui ont été mortels. Cinq de ces coups de couteau ont touché le coeur du défunt.
Au terme d’une importante enquête policière, les enquêteurs de l’Unité des Crimes contre la Personne de la SQ ont arrêté le meurtrier le 12 janvier 2020. Une perquisition avait aussi été réalisée durant une bonne partie de cette journée-là au domicile de l’accusé situé sur le boulevard Céleron à Blainville. Il avait comparu le lendemain. L’ADN de l’accusé a notamment été retrouvé partout dans le véhicule où le meurtre a eu lieu et sous les ongles de la victime.
Le meurtrier et la victime ne se connaissaient pas, ne se parlaient pas, ne se fréquentaient pas et ne travaillaient pas ensemble. Cependant, Me Chavez Chino croyait, depuis plusieurs mois, lorsque le meurtre a eu lieu, que sa femme entretenait une relation extra-conjugale avec M. Morales de Paz. Il a d’ailleurs exprimé ses états d’âme dans un document Power Point d’une cinquantaine de pages qui a été déposé en preuve, devant le tribunal. C’est dans ce contexte que l’accusé est allé confronter la victime le 18 décembre 2019.
Au moment des événements, la conjointe du meurtrier travaillait dans la même entreprise qu’Arturo Morales de Paz et l’appréciait beaucoup. L’accusé avait installé une balise de GPS sous le véhicule de la victime, ce qui lui a permis de le localiser le jour du meurtre.
« Mon frère était un homme extraordinaire avec des valeurs. Âgé de 33 ans, il avait plusieurs projets qu’il ne pourra jamais accomplir. Il ne méritait pas une mort aussi tragique », a pour sa part témoigné le frère d’Arturo Morales de Paz, Margarito, par visioconférence de son domicile du Mexique, lors de l’audience du 30 mars.
La victime, d’origine mexicaine, n’avait aucun antécédent judiciaire. Elle vivait au Québec depuis environ trois ans avait révélé ses proches, quelques jours après le meurtre. Avant d’être à l’emploi d’Airbus à Mirabel, M. Morales de Paz travaillait dans une usine de Bombardier au Mexique.
Le plaidoyer de culpabilité et la peine de pénitencier auront un impact certain sur le statut de l’accusé en matière d’immigration.
Jose Luis Chavez Chino est détenu préventivement depuis le 12 janvier 2020. Il avait renoncé à subir son enquête préliminaire devant la Cour du Québec, décidant d’aller directement à procès.
Avant de prononcer la sentence, le juge Roy a demandé à l’accusé s’il avait quelque chose à dire, et ce dernier a répondu «non».